FjordTrends 2020: la responsabilité individuelle, c'est tendance!

"C’était Noël". Et le rapport FjordTrends 2020 a - non moins traditionnellement - été publié!

Je lis ce rapport de tendances sociétales depuis quelques années déjà et le trouve pertinent puisqu'il interroge ou entérine.

Il n’est pour l’instant disponible que dans sa VO anglo-américaine ("Boys will be boys", au final c’est Accenture qui parle aux entrepreneurs, dans la langue des Dieux donc ;-) Il faudra donc patienter quelques temps pour les traductions officielles mais allons dès à présent à l'essentiel.

 

 

Réaligner les fondamentaux - What else?!

Cet opus résonne particulièrement chez moi et il pourrait en être de même chez vous puisque vous êtes arrivé.e.s jusqu’à cet article. Il y est en effet question, ni plus ni moins, de changement de paradigme et de fondamentaux à réaligner.

 

Sens & Tech au coeur des FjordTrends 2020 

Tout d'abord, oh joie. Enfin. 3 des 7 tendances de fond décryptées parlent de sens profond, de conscience et de responsabilité. Celle de l'individu évoluant dans ce monde interconnecté, au contact d’autres êtres humains et sur cette même planète. Les 4 autres traitent d’innovation et nourrissent voire provoquent un bouleversement des codes sans précédent; et oh joie de nouveau, par certains aspects collatéraux, ils serviront parfois cette même cause (comme lorsqu’au UK une cuisine Ikea équipée d’une Intelligence Artificielle permet de diviser par deux le gaspillage alimentaire).

Donc, Tech that ;-)

 

Le meilleur Green Deal de tous? Celui passé avec nous-même! 

À l’heure où les infos se chahutent les unes les autres sur nos réseaux, où le sens des priorités semble un voeu pieu, où l’on aligne dans une même phrase l’urgence et le délai d’application de 20 ans, ça fait du bien de lire que le Green Deal, le 1er de tous, est finalement entre nous… et nous-même.

C'est ainsi que petit à petit, on comprend et on fait le job. La donne change. Bottom up. Et même ceux qui dirigent mais préfèrent encore s’attaquer au non-sourire de Greta qu’aux vrais problèmes vont devoir s’y résoudre et s’y adapter (OK Boomers?!).

Car selon ce rapport FjordTrends 2020, réfléchir aux conséquences directes de nos choix de consommation, à notre impact sur les ressources naturelles et les conditions de vie d’autres populations, nous pousse à sanctionner au passage les plus irresponsables. Puisqu’il devient évident qu'acheter c’est voter, on cherche des produits et services qui ont du sens et alors sans "mission" claire, point de salut!

Un signe? Les introductions en bourse de startups ultra-ambitieuses visant purement et simplement une corne plaquée or ne sont déjà plus des success stories entrepreneuriales qui font rêver. Petite pensée au passage pour WeWork en septembre dernier et sa chute vertigineuse en quelques jours... . Le fond pour les fonds, la "valeur" n'aura jamais aussi bien porté son nom.

Certes, ce n’est pas encore non plus un électrochoc généralisé mais la prise de conscience semble profonde quant au fait que tout est lié en un même système. La vision court-termiste des choses, celle par laquelle le plaisir personnel prévaut sur tout le reste à n’importe quel prix social ou environnemental s’essouffle. Et ça, c’est très très bien. 

 

D'après ces FjordTrends 2020, les 3 tendances nous interpellant ainsi plus directement sont les suivantes:

 

1- "Many faces of growth"

("Différentes nuances de croissance", en tout de suite moins sexy.)

Ou comment les indicateurs de réussite évoluent au-delà du purement financier, vers la valeur ajoutée générée pour notre environnement de vie au sens large. Le Graal quanti s’enrichit ainsi en quali, les enjeux changent et même les fonds d’investissement s’y intéressent de près. Effectivement c’est la crise… la prospérité, ce n’est plus ce que c’était ;-) 

 

2- "Liquid people"

(Traduire horriblement l'intitulé de cette tendance-là serait un affront aux deux langues concernées!)

Je pense donc… je ne suis plus ce que je possède.

Voici donc la face humaine de "la croissance qui a du sens". Plus conscients, nous nous questionnons plus largement sur nous-mêmes - sur la vie que nous menons, le travail que nous fournissons, leur impact sur le reste du monde - et nous refusons l’étiquette. Nous ne nous laissons plus définir ni enfermer par un poste occupé dans une entreprise ou par un bien acheté.

Par conséquent, nos choix de consommation sont une affirmation de nous-mêmes dans notre quête de cohérence et de bien-être profond… et parfois "l’éthico-anxiété" guette, en embuscade. Si le plus souvent on ne change pas radicalement de vie, on change d’axe. On est dans la mesure, dans la justesse, on modère nos désirs matériels pour être en accord avec nos convictions (on devient fléxitarien ou on limite l’avion par responsabilité).

 

3- "Life-centered design"

Puisque dans cette culture de consommation du "nous" (vs. "moi") se reflètent plus que jamais les causes auxquelles on croit, produits et design s’adaptent. Ils interpellent l’individu non plus séparément mais bien comme un élément faisant partie d’un grand écosystème (naturel et social). 

 

Et sinon à part ça, madame la Marquise?!

Les 4 autres grandes tendances FjordTrends 2020 identifiées dans ce rapport sont digitales. C'est clé et tout aussi intéressant pour comprendre nos évolutions même si peut-être parfois un brin dérangeant. 

 

1- "Money changers" 

Cette tendance-là souligne les mutations radicales de notre rapport à l’argent comme mode de paiement, le cashless devenant la norme. Désormais on ne paye plus en liquide (ah en France encore en chèque, pas d’inquiétude ;-)) mais via mobile, avec son pouce, par reconnaissance faciale.

 

2- Parce que oui, l’IoB (Internet of Bodies) is the new IoT (Internet of Things), nous dit la tendance "Walking barcodes"!

Notre corps devient ainsi notre signature numérique, aussi traçable que nos comportements digitaux. Les traits de notre visage ou nos empreintes digitales donc mais également nos battements de coeur sèment des données personnelles un peu partout dans l’espace physique. Nous ne sommes sûrement pas des objets (la preuve, nous avons un coeur) mais des codes-barres sur pattes oui, The Economist en parlait déjà il y a quelques mois).

 

3- Par ailleurs, "Designing intelligence" fait le point sur l’Intelligence Artificielle.

Sur la vraie, pas le chatbot niveau 1 entraîné par son meilleur ami stagiaire ;-) Elle s’est infiltrée dans nos vies quotidiennes et les enjeux sont divers et gigantesques. Éternelle confrontation, recherche d’équilibre et amour-vache entre l’Homme et la machine.

 

4- Finalement, "Digital doubles" revient sur nos jumeaux virtuels.

Ces avatars s’aventurent aujourd'hui hors de leurs sphères "naturelles"; ludiques ou vitaux, protecteurs d’identité en réseaux, sanctuaires de nos données perso, purs partenaires de vie à l’avenir… "Her" serait-elle juste au coin de la rue? ;-) 

Pour lire le rapport en anglais, c’est ici

Publié le 03/01/2020